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Témoignage - Manon-Constance GUIRARD : « Le stage à l’étranger, une ouverture d’esprit »


L’interculturel, dès les premières démarches
Je voulais absolument faire mon stage technicien à l’étranger et je me suis occupée de chercher mon stage l’été d’avant, en août/septembre. Lors de mon entretien Skype, expliquer ma formation a été un véritable enjeu : le problème était de faire comprendre qu’une école d’ingénieurs n’est pas un cursus classique universitaire. La durée du stage aussi leur semblait étonnante : l’entreprise travaillait plutôt avec des stagiaires sur 4 ou 6 mois, voire plus longtemps. Et puis, toutes nos étapes administratives les font rire, notamment tout ce qui concerne l’envoi des originaux par la Poste, les Hollandais communiquant beaucoup plus que nous par e-mail.

Une start-up sur un campus très vert
J’ai réalisé mon stage à Eindhoven, sur le campus de l’université. Ils ont un campus magnifique, hyper clean avec des pelouses bien vertes et un bâtiment par spécialité.

 










 
TU - Eindhoven
le campus







Mon entreprise se trouvait dans le bâtiment de physique appliquée : il s’agissait de la start-up « Plasma Matters », qui compte trois employés. La start-up, montée par un groupe de doctorants, a développé un logiciel concernant le plasma (la physique du plasma possède des applications dans de nombreux domaines) et essaie d’implanter ce logiciel, qu’elle est la seule à avoir développé, sur le marché. Elle possède un espace de recherche et développement composé essentiellement de doctorants qui font des recherches en rapport avec du développement pour le compte de Plasma Matters.
C’était une toute petite équipe mais dans ce bureau il y avait des doctorants du monde entier : Turquie, Inde, Iran, Bulgarie. J’ai travaillé sur leur portail d’accès au logiciel, sur une base de données et du web. C’est quelque chose que je ne fais pas du tout, mais dans ma formation et dans l’électronique embarquée, j’ai remarqué qu’il y a souvent besoin d’une interface avec l’homme et ça me manquait de savoir faire ça. J’étais mêlée à tous les doctorants, avec étrangement plus de filles qu’ici dans le domaine de la physique appliquée!

« Le stage à l’étranger, culturellement, c’est une ouverture d’esprit »
J’ai eu des discussions avec les doctorants, notamment un Turc et une Bulgare : c’est vraiment enrichissant sur le plan social et culturel, ça permet de découvrir d’autres pays. C’est un très bon souvenir, j’ai eu beaucoup d’échanges avec toute l’équipe. Le stage à l’étranger, culturellement, c’est une ouverture d’esprit, je le souhaite à tout le monde, surtout dans un milieu professionnel où on est très libre, comme aux Pays-Bas. Ils ont la culture du transparent (à l’image de leurs bâtiments), et sont ouverts au télétravail, du moment que le travail est fait, ce qui ne les empêche pas d’être exigeants sur le travail et plus francs dans leurs critiques. Quand on a nos lunettes de Français, ça brusque un peu, mais ils sont très francs, et c’est efficace, c’est une autre manière de faire. Autant ils sont très rigoureux, y compris sur la propreté des rues, les règles de vie, comme la queue pour les bus (tout le monde attend en file indienne dans l’ordre d’arrivée, pas de bousculade), ou encore le devoir de bon entretien des façades (faute de quoi ils paient des taxes) mais ils peuvent être arrangeants à l’extrême (par exemple, payer le loyer en liquide avec une souplesse sur les dates).

Un pays extrêmement pratique à vivre pour le quotidien
Au niveau de la vie quotidienne, c’est très sécurisant, beaucoup plus qu’ici en France. Pour m’être déplacée en ville, une fille, seule, tard, je n’ai jamais rien eu à craindre. Les gens ne ferment pas leurs portes à clé la nuit. Ils laissent les vélos dehors non-attachés… D’ailleurs, en Hollande, ils ferment des prisons !
Le logement est hors de prix, de manière générale. J’ai trouvé le mien sur un site d’annonces de locations. Les logements proposés ne concernent que de la colocation, il est très rare de trouver un logement seul. L’accès aux annonces est payant et ce qui est limitant est souvent la durée : les logements ne sont en général disponibles que pour un minimum de 6 mois, il faut donc passer beaucoup de temps à chercher.
Mais c’est un pays extrêmement pratique à vivre pour le quotidien. D’abord, tout le monde est bilingue en anglais, à tous les âges, même à 80 ans !
Eindhoven, c’est une ville très pratique au niveau des transports notamment : tout est fait pour les vélos. En revanche, les trains sont très chers (200 euros pour un mois d’abonnement pour effectuer tous les jours un trajet de 30 minutes), donc je conseille plutôt de trouver un logement sur place et de se déplacer ensuite à vélo. D’ailleurs, certains propriétaires proposent la location de vélos avec l’appartement. Cela dit, pour le prix, le service est là : il y a le wifi partout dans les trains, un parking à vélos gratuit dans la gare et jamais un retard.

Y retourner ? Pourquoi pas !
J’ai été triste de partir. Y partir pour des missions de travail de six mois-un an, pourquoi pas. Je n’ai jamais rencontré que des gens gentils, très ouverts d’esprit.
 
 
Mis en ligne : mars 2017.