Etienne Perret collectionne les prix et les distinctions. Outre un prix de l’Académie des Sciences en 2020, il a notamment obtenu un prestigieux ERC en 2018. Cette bourse lui avait été attribuée pour une méthode de capture d’information basée sur le principe de réflectométrie et sur l’utilisation d’éléments résonnants qu’il a mis au point au laboratoire. Après quatre ans de développement, l’essai est transformé, et lui vaut aujourd’hui de se voir attribuer un « ERC proof of concept », pour explorer le potentiel commercial et sociétal de ces travaux.
La technologie développée par Etienne Perret a donné naissance à des étiquettes d’identification sans puce, imprimables, recyclables et peu coûteuses. Contrairement aux codes à barres, elles sont lisibles à travers des objets opaques ou à très grande vitesse. En outre, comme elles ne comportent pas de puce ni d’antenne, elles sont beaucoup moins coûteuses que les étiquettes RFID.
La seule différence des étiquettes d’identification par radiofréquences (connues sous le nom de chipless RFID) avec les codes à barres, réside dans leur forme ainsi que dans l'utilisation d'encre conductrice déposée lors de l'impression. Chaque étiquette, créée séparément ou imprimée directement sur le produit à identifier, possède une signature électromagnétique qui contient les informations spécifiques au produit. « L’encre conductrice interagit avec l’onde qui est envoyée sur l’étiquette, précise Etienne Perret. L’information contenue dans la signature spécifique de l’onde réfléchie est récupérée par un lecteur. » Tout l’art du scientifique a d’ailleurs consisté à mettre au point la méthode qui permet de dimensionner et dessiner les étiquettes en fonction de l’information que l’on veut y inscrire. En plus d’être peu coûteuses et flexibles en termes de lecture, ces étiquettes peuvent être réinscriptibles, ce qui leur permet de se différencier très nettement des codes à barres d’un point de vue applicatif.
Caractérisation de diélectriques
Dans le cadre de son ERC PoC, d’une durée de 18 mois, Etienne Perret étudiera le potentiel de cette méthode pour la caractérisation de diélectriques. Utilisés dans de nombreux domaines (électronique, aérospatial, défense…), ces matériaux non conducteurs doivent être caractérisés avec précision en fonction de l’application visée. Or, la mesure de leurs propriétés électriques (permittivité et pertes diélectriques, notamment) se fait classiquement sur des équipements spécifiques très couteux, et nécessite de bonnes connaissances en radio fréquences. « Or, nous avons pu montrer qu’il y avait une manière très simple d’avoir accès à ces grandeurs, en se fondant sur le principe du précédent projet : on utilise des sortes d’étiquettes, sur lesquelles on envoie une onde. L’onde réfléchie renseigne sur les caractéristiques du matériau sur lequel elles sont posées. C’est ce que l’on cherche à montrer sur spectre applicatif plus large, notamment en essayant d’étendre le domaine d’étude aux diélectriques liquides et sous forme de poudre. » En plus de la méthode de caractérisation, Etienne Perret et son équipe du LCIS ont également développé l’appareil de mesure, qui a été transféré à la société Idyllic Technologies.
*UGA / Grenoble INP - UGA